Vous êtes chaque année plus nombreux à tenter de mettre la main sur nos vins et nos cidres. Évidemment, nous nous sentons particulièrement choyés de voir autant d'intérêt de votre part pour le fruit de notre travail. Mais nous sommes conscients que cette forte demande amène aussi son lot de déceptions. Nous avons fait le choix d'une viticulture à échelle humaine, mue par la passion et le travail d'artisan. Ce choix nous empêchera probablement toujours de répondre à la demande. Alors tentez votre chance en ligne, dans la vingtaine de détaillants ou la centaine de restaurant qui tiennent nos vins un peu partout au Québec. Et si vous arrivez à mettre la main sur une bouteille, soyez heureux, profitez-en et partagez le plaisir à plusieurs. Nous y avons mis tout notre coeur.
Matthieu et Fannie
Il y a d’abord eu la terre, cachée au creux des vallons en bordure de la Yamaska. Était-ce nous qui l’avions trouvée, où elle qui avait toujours su qu’on y viendrait? C’est comme si elle pouvait n'avoir d'autre destinée que devenir vignoble. Ses pentes orientées de façon à capturer chacun des rayons du soleil, ses sols variés, vierges des ravages de l’agriculture moderne. Depuis 2013, nous avons planté et cultivé 3 hectares de vignes. Surtout, nous avons tenté de comprendre l’écosystème duquel nous faisons maintenant partie. Faire le choix de l’agriculture, c’est accepter l’idée que nous perturbons le fragile équilibre de la nature. Cela requiert doigté, résilience et humilité.
Nous cultivons Pinot noir, Gamaret, Vidal et Albariño. Mais nous cultivons surtout la terre. Chacun de nos gestes est réfléchi de façon à nourrir l’ensemble des êtres vivants dans nos parcelles. Allant bien au-delà de notre certification biologique, nous puisons des idées dans l’agriculture regénératrice, la permaculture et dans les pratiques agricoles éprouvées par des siècles d’empirisme. Le travail manuel est privilégié à la machine, quoique nos saisons courtes et intenses nous forcent parfois à faire certains compromis. Nous explorons constamment, tentant de comprendre les effets de nos pratiques et remettant en question nos gestes. Sans s’y limiter, nos essais au champ incluent engrais verts ultra diversifiés, production de légumes entre et sous les vignes, utilisations d’extraits de plantes et de micro-organismes en plus du cuivre et du souffre en phytoprotection, production de nos propres plants greffés-soudés sur porte-greffe de vignes sauvages. Ces pratiques viennent compléter un rigoureux travail d’accompagnement de la vigne tout au long de la saison.
Notre quête nous a également menée vers la pomme. Près d’une centaine de pommiers disséminés sur le bord de la Yamaska fournissent quantité de fruits que nous récoltons depuis 2019. Chacun de ces pommiers est un individu différent, fruit du hasard génétique de la nature. Acidité, amertume, sucre et tannins, chaque arbre nous offre un fruit unique. Nous croyons que la nature fait bien les choses. Nous nous abstenons ainsi de tailler les arbres, leur laissant le loisir de croitre sans entrave et acceptant que tous ne produiront pas à chaque année.
À travers le prisme des fruits que nous cultivons, nous tentons de présenter un portrait juste de notre terroir et de chaque millésime. Ceci n’est possible qu’en adoptant une approche minimaliste et naturelle au chai. Nous donnons le temps au temps de faire son œuvre. Levures et bactéries indigènes accomplissent toujours bien plus que nous et nous ne collons ni ne filtrons les vins et les cidres. Depuis 2020, nous n’avons plus utilisé de sulfites dans aucune cuvée, bien que nous acceptons qu’il faudra peut-être y avoir recours à nouveau un jour pour aider un vin qui prendrait un peu trop ses aises. Certes, la qualité du produit fini est essentielle, mais elle n’est pas suffisante.
La démarche est, pour nous, tout aussi importante que le résultat. Nous faisons notre métier par passion.